Kateb Yacine -

Tangalt que vous avez « sous les yeux » est née aujourd’hui, date coïncidant avec la date anniversaire de la disparition du géant de la littérature, Kateb Yacine. Vous l’aurez donc compris, le timing n’est pas fortuit :
Tangalt, en attendant de consacrer un numéro à l’écrivain, tient à associer à son Édito le nom du Battant de l’amazighité.

Dans son premier numéro, Tangalt tient aussi à s’incliner devant les mémoires de ceux, depuis Boulifa jusquà Rachid Alliche en passant par l’incontournable Mouloud Mammeri, ont fait de sorte que le « tasekla» soit aujourd’hui.

Tangalt se veut un espace à même d donner  plus  visibilité à la littérature en général et la littérature d’expression amazighe tout particulièrement. Ceci est d’autant important que la production littéraire connait, depuis près d’une décennie, un bond considérable. La création littéraire touche à tous les genres : ungal, tamedyazt, ungal… (roman, poésie, nouvelle…)

L’affirmation selon laquelle le livre (aussi bien d’expression arabe, française et amazighe) ne se vend pas revient avec récurrence. Du coup l’on déduirait : le livre amazighe se vend encore moins. Cependant, il en ressort d’une enquête menée par le Pr Mohand Akli Salhi que le livre d’expression amazighe n’est pas moins loti et que bien au contraire il se porte plutôt bien eu égard à son « âge ».  Les conclusions de l’enquête menée par le Pr Salhi sont confortées par les appréciations positives. Elles sont aussi confortées par le gérant des Éditions Imtidad qui affirme avoir réédité une œuvre d’expression amazighe à plus de deux fois.

Si, dans un passé récents, certains éditeurs se montraient hermétiques et impénétrable à l’idée d’éditer des auteurs d’expression amazighe, il n’en demeure pas moins qu’aujourd’hui  ils leur ouvrent leurs maisons d’édition. Quelques-uns se sont carrément spécialisés dans l’édition du livre amazigh. Ce qui suggère que le livre amazigh se vend. Donc, preuve, s’il en faut encore, que tasekla est sur la bonne voie.

La bonne santé de tasekla est entretenue par le relatif retour d’écho assuré par ce qui subsiste de la presse écrite, par  radio Tizi ouzou (Ayen uran medden ay nniɣ, émission animée par Dr Hacene Halouane), par Brtv (Uran s tmazight, émission animée par Tacfarinas Nait Chabane).

La visibilité de tasekla est aussi assurée par les réseaux sociaux dont des pages Facebook carrément consacrées aux fiches de lectures et autres critiques littéraires. Les salons de livres qui prolifèrent çà et là (Salon du Livre Amazigh de Ouacifs, Salon de Boudjema, celui de Ain Lhemma, de Boghni, de Bouzguène, de Chemini…) et les cafés littéraires que le pouvoir en place réduit au silence, restent d’un apport considérable pour une meilleure visibilité d’une littérature en chantier.

N’oubliant pas aussi tous ces prix littéraires qui retiennent ungal (roman) sur la liste des postulants à la consécration. Chose évidemment qui encourage nombre d’auteur(e)s en herbe à écrire.

Les DLCA (Départements de Langue et Culture Amazighes) ont le mérite de former des littérateurs dont quelques-uns ont, au grand bonheur de la bibliographie amazighe, versé dans la création littéraire. Parmi ces jeunes auteurs, la plume féminine a tout particulièrement émergé. Toute cette effervescence augure, sans aucun doute, d’un meilleur avenir. Meilleur avenir si, bien évidemment, une visibilité critique lui est consacrée. Il est donc grand temps de cesser de comptabiliser le nombre de livres parus et de s’occuper de leur qualité (le style, la thématique…).

Et c’est en ce sens que Tangalt   prétend apporter sa pierre à l’édifice littéraire. Elle le fera dans trois langues : tamazight et le français dès ce numéro et l’anglais prochainement. Ces trois supports permettent d’exporter tasekla au-delà des frontières de Tamazgha et d’importer la littérature universelle.