Quoi de plus naturel que faire l’éloge de ses grands parents quand on a été chéri d’eux durant l’enfance, si l’on a eu la chance de les avoir connu. Écrire un livre pour évoquer leur souvenir, raviver la tendresse et l’amour qu’ils ont prodigué sans compter, briser l’éternelle séparation en les faisant revivre à travers des mots simples mais évocateurs et pleins d’émotions, c’est ce qu’a fait Mohand Arezki Kecili dans un opus de 150 pages paru ce mois de mars aux éditions Boussekine sous le titre « Aichouche », qui est tout simplement le nom de sa regrettée grande mère.

Narré à la première personne, c’est le récit des souvenirs qui ont marqué l’auteur, d’abord durant sa prime enfance, puis dans son adolescence, où grand-mère Aichouche apparait toujours comme la bonne fée qui vient apporter chaleur et réconfort durant ses moments d’infortunes. La vie n’était pas facile pour les familles algériennes durant la colonisation et les enfants, surtout mâles, étaient certes désirés mais pas forcément choyés !

En fait, pour la plupart, c’est une enfance de privations et même de frustrations qu’ils devaient supporter au fil des jours. L’auteur raconte dans son style intimiste, sans détour ni fausse honte, avec humour aussi, comment il a vécu ce contexte difficile dans un village, du nom de Djenane, de la commune de Chemini, dans la wilaya de Bejaia, et comment, à chaque fois, il trouvait en dernier recours la tendresse de Aichouche pour le consoler, le cajoler, et effacer ses chagrins et ses frustrations en lui remplissant la panse !

Adolescent, c’est encore sa grande mère qui le protégea d’un père, avec sa mentalité paysanne, s’avère trop autoritaire mais aussi trop occupé à subvenir vaille que vaille aux besoins d’une famille nombreuse pour donner quelque importance aux pleurnicheries de son gamin ou à ses lubies d’adolescent. Tous ces souvenirs sont enrobés dans d’autres, tous plus savoureux les uns que les autres, qui retracent des tranches de vie de l’auteur à différentes périodes, celles de l’étudiant en foresterie, du bidasse qui accomplit son service militaire, du fonctionnaire, du père de famille qui doit se résoudre prendre son indépendance et à changer d’air pour le bien être psychologique de tous, et même du malade de la covid-19 lorsque les souches en circulation étaient mortelles.

Aichouche est le second ouvrage de Mohand Arezki Kecili, qui s’est trouvé une nouvelle vocation dans l’écriture depuis qu’il est retraité, après une carrière bien remplie en tant que fonctionnaire des forêts dans la commune d’Aokas, où il a fini conservateur divisionnaire. Son premier ouvrage, Adieu mon verre ! ou chronique d’un sevrage; paru l’an dernier (2019), écrit dans un style anecdotique, parfois aussi instructif que drôle, retrace ses pérégrinations dans le monde de Bacchus et ses efforts méritoires pour se dissocier de son addiction à au jus de raisin fermenté, chose qu’il finira par réussir. Avec « Aichouche », Mohand Arezki Kecili confirme sa volonté d’écriture, à partager son expérience de vie, et documenter une période qui appartient peu à peu, mais définitivement, à l’histoire.

Ouali M.

Ma grand-mère Aichouche
Dans mes souvenirs
Mohand Arezki Kecili
Éditions Boussekine, 2020
145p.