Elle joue, elle écrit, elle adapte et met en scène. Le virus de l’art en général, et du théâtre tout particulièrement, elle l’a contracté à Tirourda, un village de Haute-Kabylie niché au pied du Djurdjura. Elle est l’exemple type du fruit abouti du tissu associatif qui essaime en Kabylie. Mais d’abord, c’est le premier homme dans sa vie, son père, poète et chanteur, qui l’a inspirée. Le climat familial était tel qu’elle n’avait d’autres choix que celui de respirer… l’art. Le 2ème homme dans sa vie, son époux Nacer Terrad , lui tient la main et l’accompagne dans ses… délires. Elle c’est Nassira BEN YOUCEF.
Écoutons ce petit bout de femme qui fait honneur à Tangalt…
- Tangalt : L’artiste que vous êtes devenue était un enfant. L’enfance, l’environnement et la famille y sont pour quelques choses ?
Nassira Ben Youcef : C’est mon adorable père qui m’a fait aimer l’art. Il est, lui-même, poète et chanteur. L’ambiance familiale n’était pas restrictive, elle m’a encouragé à aller de l’avant. On ne sort pas indemne d’un environnement ouvert à l’art.
- Vos premiers pas sur les planches.
Mes premier pas étaient plutôt sur scène. Je faisais partie de la chorale de l’Association Culturelle Tamazgha. Ce n’est qu’après que j’ai i rejoint la troupe de théâtre Hamid Ben Teyeb de la maison de jeune Iferhounene, dirigée par Salah Houche. En 2009, la troupe dirigée par Salah Houche s’appellera Macahu. J’y ai joué dans plusieurs pièces. Fin 2009, j’ai rejoint le théâtre régional Kateb Yacine de Tizi Ouzou. J’y ai travaillé avec beaucoup de noms du Théâtre algérien. J’ai beaucoup appris d’eux.
Quand vous êtes-vous mise à écrire ?
C’est lorsque j’ai foulé les planches du théâtre Azeddine Medjoubi où j’ai joué dans les trois langues(kabyle, arabe, français) que je me suis dit pourquoi ne pas rentabiliser tout ce que j’ai appris et me mettre à écrire? En 2016, je fais la rencontre de Itran de Taqerboust où j’ai écrit mon premier texte, ma première pièce de théâtre : Taɣdemt taquḍart (La justice boiteuse) que j’ai joué avec ma sœur Tiziri. La pièce a été plusieurs fois primée.
- Ces prix, signe de reconnaissance, vous ont surement encouragée
Absolument. Surtout l’encouragement du public. Cela m’a donné des ailes. J’ai enchainé avec Mama Agéria (Yemma Lezzayer). La pièce a été réalisée par la tunisienne Samira Mesikh. S’en suivra Cbaḥa yettrun (la beauté en larme) une pièce pour enfants primées six fois dont celui du meilleur texte (au Canada)
- Comment était votre rencontre avec le texte de Tin Akken, une pièce qui semble vous avoir propulsé davantage au-devant de la scène ?
J’avais écrit un texte intitulé Tameṭṭut-nni. Je l’envoie à ma sœur pour avoir son avis. Elle me montre El Azifa (le tourbillon) de Malha Abedellah, une Saoudienne, j’y ai trouvé beaucoup de ressemblance avec Tameṭṭut-nni. C’est ainsi qu’est née Tin Akken.
- Vous traduisez et adaptez au kabyle des pièces écrites dans d’autres langues. Qu’est-ce qui motive le choix de tel ou tel texte ?
C’est la beauté du texte qui me motive. J’aime puiser dans d’autres langues, j’y trouve toujours de belles choses. Elles deviennent, à mes yeux, encore plus belles, une fois traduites.
- En plus du théâtre, vous vous êtes essayé au chant. D’aucuns parmi ceux qui vous ont écouté trouve votre voix sublime, notamment lorsque vous reprenez les meules de Taous Amrouche. N’avez-vous pas songé à vous engager sérieusement dans la chanson.
Il m’arrive de chanter sur scène. M’y engager carrément n’est pas facile. S’investir dans l’art c’est compliqué. La chanson a sa part de complication. Mais peut être une opportunité se présentera dans l’avenir.
- Des pièces en chantier ?
Oui, j’ai beaucoup de projets pour enfants. En ce moment, je peaufine un texte intitulé Djamila. On ne s’arrêtera pas en si bon chemin. Je compte apporter ma pierre à notre culture. Mazal Lxir ar zdat.
Entretien réalisé par
Tahar Ould Amar