Photo : Nasser Uqemmum.

La Fédération des Amazighs de l’Amérique du Nord (FAAN) a organisé, les 7 et 8 octobre dernier, son 3ème salon du livre amazigh à la Maison des Sourds de Montréal, avec la participation de l’École internationale de français de l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR).
Malgré le temps pluvieux, ce rendez-vous, outre l’exposition-vente du livre amazigh, a non seulement constitué une rencontre opportune des hommes et des femmes de la culture et des langues amazighes de notre diaspora à Montréal, mais surtout une mise en avant de la richesse des publications en tamazight et sur tamazight, avec pas moins de 200 titres, dont plusieurs récemment édités, qui ont attiré l’attention des visiteurs rencontrés. Ainsi donc, ce salon se démarque des rendez-vous précédents qui se limitaient des années durant à des expositions de rares livres et de revues ronéotypées étalées, lors des occasions culturelles en Algérie ou à l’étranger, qui se présentaient plutôt comme une forme de résistance.

La FAAN, qui se caractérise par deux activités annuelles de grande importance, à savoir le Festival amazigh de Montréal, au printemps, et le Salon du livre amazigh, à l’automne. Le premier événement dure un mois, durant lequel les associations amazighes, notamment celles à caractère culturel et scientifique, exposent sur la scène québécoise leurs activités sur la dimension amazighe en Afrique du Nord, avec la participation des autres communautés d’origines diverses et autochtones, socle de la diversité du Québec. Sans omettre que le programme propose nombre de conférences et la présence de personnalités universitaires et politiques.

A propos de la seconde manifestation culturelle, la présidente de la FAAN, Karima Ouazar, nous dira : « Le Salon du livre, qui devait être annuel, a été interrompu durant trois ans, deux ans à cause de la pandémie de Covid-19. Quant à l’année passée, nous avons rencontré un problème d’acheminement des livres depuis l’Algérie vers le Canada. Cette année, nous avons tenu à l’organiser malgré la situation qui demeure la même, mais nous avons espoir à ce que cela change dans l’intérêt de tous, des éditeurs, de notre diaspora et surtout de la promotion du livre amazigh ici au Canada ». L’essence de ce salon, continue-t-elle, « est d’inciter nos jeunes enfants, ou notre postérité, à s’identifier dans leur langue à travers le livre écrit en tamazight ».

Durant ces deux jours, quelques auteurs étaient présents pour des ventes-dédicaces à l’instar de Lhacène Ziani, le célèbre parolier du groupe Ideflawen, à travers ses cinq ouvrages : «Tijeǧǧigin n wawal»  (poésie inédite et chantée), « L’énigme » (Éd., Voix Libres), « Le soupir » et son dernier ouvrage « Croire ou penser »; était présent également Aomar Ait Aideur, universitaire, avec cinq ouvrages à son actif, édités en Algérie : « Lola d’Alger/Yellis n Bab Elwad » (roman), « La vie en vol », « Pour l’amour de Sophie », «Taos et Jean-Mouhoub Amrouche – L’identité en question », « Mammeri a dit » (interview avec Mammeri). De son côté, Lynda Kouddache présentait son dernier roman Tamacahut taneggarut, mais aussi A. Wamara avec « Voyage au bout de l’exil « (éd. L’Harmattan), ainsi que Arezki Khaouas, avec son ouvrage « Idir ou l’identité au pluriel, de la Kabylie à l’universalité », et Moussa Djafer avec son recueil de poèmes bilingue Tiqqad-Les cautères  (ed. Tumast Tazrigt Amazigh), préfacé par Lhacène Ziani et une traduction de Yalla Seddiki; et l’infatigable homme de culture (enseignant, auteur, essayiste et conférencier) Nasser Uqemmun, avec son essai Tisurifin ɣer tira n tullist  (Tamagit-Identité, 2022), préfacé par Dr. Kamal Bouamara, un ouvrage d’apprentissage (didactique) dans la création de genre littéraire la nouvelle, en tamazight. Nasser Uqemmum est également un des collaborateurs de notre magazine Tangalt et autres espaces littéraires amazighs à Montréal. En marge du premier jour du salon, Arezki Khouas a donné une conférence sur son ouvrage et la dimension universelle de la Kabylie à travers Yidir.

Ce salon du livre amazigh est marqué par la participation de l’École internationale de français de l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR), qui a présenté son rôle et son programme d’apprentissage du français pour les étudiants qui souhaitent faire une virée au salon. « Notre présence à cette activité culturelle est positive à plus d’un titre et enrichissante de nos rencontres souhaitées par notre école », nous diront d’une voix unanime Emine Ince, chargée de cours à l’UQTR et son collègue Fuming Zhu, attaché d’administration. Cette participation a été rendue possible grâce à Achour Siad, lui aussi chargé de cours dans la même université, qui soulignera que « les cours de notre école ne sont pas seulement un diplôme valide et accrédité par le gouvernement, mais un savoir et des compétences pour mieux asseoir ses connaissances de la langue française ».

Un rendez-vous à renouveler avec plus de perspectives et de richesse comme objectif, dans la mesure  des moyens disponibles et une grande participation de notre diaspora, si elle y collabore avec cœur.

Nacer Mouterfi