Tangalt boucle sa première année d’existence. Elle est venue au monde le 28 octobre 2022, une triste journée qui nous a ravi le Battant  Kateb Yacine. Elle est venue au monde, et pour  un coin du monde, dans un contexte caractérisé par une création romanesque d’expression amazighe sans pareil et un repli alarmant des libertés.  Le rapport entre ces deux caractéristiques  paradoxales (d’autant plus que les attitudes liberticides ne semblent pas empêcher la création littéraire) ?

En fait,  le peu d’espaces  de liberté, déjà  réduite en peau de chagrin, est obstrué  par une bureaucratie  qui empêche  les miroirs des palpitations culturelles d’exister  et pousse les plus optimistes parmi  les déterminés à donner de la visibilité au fait culturel vécu à botter en touche.

C’est dans ce contexte paradoxal qu’est née Tangalt. Son ambition, au-delà de rendre compte de la dynamique culturelle qui caractérise (peu ou prou) le pays, est de faire connaitre la littérature d’expression amazighe au plus large public, voire la faire connaitre au-delà des frontières où elle est confinée. Son ambition i est, aussi, de participer, par le biais de ses collaborateurs et ses contributeurs, au tri en répercutant la qualité et s’abstenant, sans complaisance, de promouvoir la médiocrité.  « Le quantitatif industriel » n’est pas synonyme du qualitatif littéraire. Ce souci sélectif, et non moins salvateur, doit être digéré, en premier lieu,  par les Editeurs  dont beaucoup continuent à gérer leurs entreprises comme on gère une épicerie de quartier.

Dans un autre contexte spatio-temporel, Cheikh Mohand Oulhocine avait dit (ou lui avait-on fait dire) : « ddin, ddin, ddin… kulec din (religion, religion, religion…tout y est) ».

Tangalt dit : « Tilelli, tilelli, tilelli.. kulec din ad yili (liberté, liberté, liberté… tout y est) »

En attendant cette liberté, d’entreprendre notamment, Tangalt est en prospection de ressource financière qui lui permettrait de maintenir le cap et d’assurer une version mensuelle en papier.

En attendant que cela advienne, elle remercie ses lecteurs et lectrices et s’incline devant la détermination désintéressée de ses collaborateurs.

Tahar Ould Amar