« Yanna waḍu, yenna wagu (le vent a dit, la brume a dit) » est la compile de dix succulente nouvelles d’expression kabyle que Rachid Tighilt a mis en ligne (Lulu, autoédition) et qu’il s’apprête à éditer chez Imtidad Editions., au grand bonheur d’un lectorat aux aguets de… « bonnes feuilles » à savourer. Ceux qui connaissent l’auteur, cet artiste polyvalent qui met autant de cœur dans les toiles qu’il signe et dans ses adaptations et autres créations, savent d’emblée le pesant de plaisir que leur procurerait « Yenna waḍu, yenna wagu ».
Rachid Tighilt, cet ingénieur en agronomie de formation qui fera de l’art tafellaḥt-is, est, pour rappel, le créateur de Shrek, Dda Spilu, Kiki… Kabyles. Il avait aussi réussi a rassemblé, dans le cadre d’une Tiwizi, des artistes pour doubler Brad Pitt,Eric Bana, Diane Kruger, Brian Cox, Sean Bean… et kabyliser Troy de Wolfgang Petersen. Troy en kabyle n’a pas vu le jour, pas encore. Nous y reviendrons à propos du pourquoi dans l’une de nos éditions.
Cela étant, « Yenna wagu, yenna waḍu » est né et renaitra en version papier. Le recueil contient « Dutur Mortel », « Ameǧǧed », « Tixidas n Mḥend uccen », « D timucuha ! », « Dda Umigri », « Aɛessas n lexla », « I nekk yurgan ssi Muḥ », « Dadyant n Buhu », « Tamacahut n Germi »s et « Si Tɣuri ar tira ».
On imagine qu’en écrivant « Yenna agu, yenna waḍu », l’auteur éprouvait du plaisir. On l’imagine parce que le plaisir est éprouvé dès l’entame de « Duktur Mortel ». Effet de contamination (communion entre auteur et lecteur).On ne peut ne pas s’empêcher de penser à Mohia. Rachid Tighilt n’est pas allé loin, allé prospecter du côté des dictionnaires approximatifs, pour chercher une langue. La langue de « Yenna wagu, yenna waḍu » est du kabyle de la vie. En plus de cette fluidité linguistique qui ne manque ni de poésie ni de profondeur, Rachid s’amuse avec son lecteur en le tenant en haleine jusqu’à l’incontournable chute. Il vous force à vous « accrocher » aux lèvres de Sauvkipeur dans « Doktur Mortel ». Par moment, agacé, vous vous surprenez à réagir comme Doktur Mortel, le personnage.
Le même plaisir vous le rencontrerez plus loin avec Ḥpit et Pti Sɣir (Ameǧǧed) et plus loin encore… Va donc falloir le lire.
Tahar Ould Amar