L’oncle « Boughi », cette explosion de joie de vivre de soixante-dix ans qui a défrayé la chronique, est, sans le savoir ni même l’avoir recherché, à l’origine d’une « révolution folk » menée au nez et à la barbe d’un régime totalitaire en guerre constitutionnelle contre le bonheur du peuple iranien.
L’oncle « Boughi » chante et danse en pleine rue devant son étal de poisson dans la ville de Rasht, au nord-ouest de l’Iran. La joie de vivre virale de Sadegh
Bana Motejdad, affublé affectueusement du sobriquet « Boughi » (mot persan qui veut dire mégaphone), se propage à travers l’Iran et, mine de rien, se mue en véritable révolution. Les Iraniens se sont emparés de la chanson folk accompagnée d’une chorégraphie. Femmes, enfants, jeunes, couples… se filment en train de danser sur le rythme de la chanson et diffusent sur les réseaux sociaux devenus le réceptacle d’une résistance défiant le régime.
Bien évidemment, la police des mœurs veille au grain et surveille de très près l’internet. À souligner que l’oncle Boughi avait disparu pendant quelques jours. Tout l’Iran avait compris que Sadegh Bana Motejdad avait été arrêté. Son arrestation confortera les Iraniens dans leur détermination à danser encore plus joyeusement. Réapparu, l’oncle Boughi ne dit pas avoir été arrêté.
Son arrestation avait enfoncé davantage le régime. Ce qui explique sa libération et, sans doute, son silence à propos de son arrestation.
Tahar Ould Amar