Que la terre lui soit légère.
Je n’oserais pas dire que je le connaissais autant que d’autres l’affirment, ni d’avoir su apprécier toute la richesse de son œuvre. Mais j’ai côtoyé et l’homme et l’artiste et je garde de lui ceci: (1) un homme qui se suffit à lui-même (au plus noble sens du mot), (2) un artiste incompris pour mille raisons dont, notamment, le traitement de thématiques que la société kabyle – faussement pudique et foncièrement conservatrice – aimerait bien cacher sous le tapis, (3) un déconstructeur (au sens derridien véritable!) qui préfère la marge au centre, au risque de s’attirer les foudres de la bien-pensance nationale et kabyle; (4) un homme qui dit peu et écrit beaucoup et qui vit confortablement dans son univers où il cultive un jardin secret auquel – je présume – peu de gens eurent accès; (5) un casseur de tabous qui se MEFIE de la résilience, des sautes d’humeur et de la ‘fantasia’ de ceux/celles qui, comme « idhan n wAεraben », aboient plus qu’ils ne mordent; (6) un solitaire qui n’a aucune idée de la solitude puisque son monde intérieur est si peuplé… Je salue ici sa mémoire, son esprit rebelle et pour tout dire m’interroge avec un sourire ironique si on lui avait demandé son avis quant au rituel funéraire musulman qu’on lui eût « imposé » à son insu ! Si j’ai heurté une quelconque convenance socio-religieuse, ç’aura été un millimètre de territoire de récupéré! Tant mieux pour les uns, et tant pis pour les autres.
T. R.,
le 27 janvier 2024