Brahim Bahmed fait partie de la première génération d’enseignants de tamazight. Avant sa conversion à l’enseignement de la langue de Mammeri, il a été enseignant de mathématiques dans un collège à Bouira.  Enseigner les mathématiques, matière ne posant  aucun problème politico-pédagogique, était plutôt plus confortable pour lui. Mais c’était compter sans cette verve de militant qui caractérisaient la quasi-totalité des enseignants tamazight de sa génération.

Aujourd’hui, il se retrouve à la retraite. Mais sa verve est restée en poste. : il a eu la louable initiative de dispenser des cours gratuitement de et en tamazight. Pour ce faire, Smart school, une école privée à Bouira, a mis à sa disposition une salle équipée.

De passage dimanche dernier dans la salle où Bahmed Brahim assure des cours de tamazight, nous avons été surpris par le profil des apprenants. En fait, nous n’avons trouvé que deux dont le poète Ali Menas. Bahmed nous explique que la machine n’est pas suffisamment rodée et que le nombre d’intéressés ne manquera pas d’aller crescendo. Cela étant, les personnes présentes y étaient par « besoin » et non par cet élan vite refroidi qui caractérise une démarche sans intérêt. Maitrisant le kabyle à l’oral, Ali Menas est dans « l’obligation » de maitriser la lecture et l’écriture pour aller de l’avant dans sa passion pour la poésie. « Jusque-là, j’écris mes poèmes à ma façon. Pour publier, je me fais aider, corriger, par des enseignants de tamazight. Maintenant, avec cet apprentissage, les choses vont changer ». C’est donc un besoin qui a motivé le poète. Ce besoin se fait sentir largement à Bouira, ce carrefour linguistique, où, notamment dans les fonctions libérales (avocats, médecins…), communiquer avec un kabylophone dans le cadre de sa fonction pose problème en matière de compréhension. Et beaucoup d’entre les arabophones éprouvent certainement le « besoin » d’apprendre le Kabyle, dans le cadre de leurs fonctions.

La même démarche a été entreprise par l’association Imedyazen d’Alger, il y a quelques années. Son Président, Hamid Oubagha en l’occurrence, nous avaient affirmé que l’enseignement avait connu une affluence non négligeable. Le public d’apprenants était composé essentiellement d’adulte. Pour l’anactode, Hamid Oubagha nous avait affirmé alors, que ce besoin d’apprendre le kabyle à fait qu’une jeune arabophone bénéficiait de notre enseignement pour mieux intégrer sa belle famille kabylophone.

T.O.A