Colères et impulsions de libertés « emmurées » ont fini par trouver exutoire en avril 80 : « à bas la répression ! Liberté d’expression ! Tamaziɣt di lakul (tamazight à l’école) !… ». Saine et légitime, cette colère non violente avait conquis le pavé de la Kabylie. Ce jour-là, Tafsut avait ressuscité « Kker a mmis n Umaziɣ » de Laimeche et ses compagnons. Ce jour-là, il n’y avait d’yeux que pour la démocratie et naquit un espoir grand comme ça.
Les premiers Printemps qui s’ensuivront ont maintenu le cap de la protesta pacifique, se sont dressés comme un « ⵣ » scellé et non négociable face la bêtise qui ne désespère pas d’enfermer une bonne fois pour toute Tafsut dans le grenier du « mois du patrimoine » et dans le mausolée de « Yawm Lɛilm ». Débarrassée de son essence que sont la démocratie et les libertés, il n’en restera du Printemps qu’une langue fade qui ne fera le bonheur et ne fera rêver que le JT du 20h et, surtout, les desseins inavoués de ces imams-soft, à la mode et, qui plus est, made in Djurdjura.
Autant dire que c’est l’avènement éminent du « second éléphant » en pâturage et chargé d’écraser, là où il passe, les idéaux de Tafsut. Le la est déjà donné dans quelques tuddar où l’on préfère le « ifṭar ǧamaɛi » à tiwizi, « qufet ramaḍan(le couffin de ramadan) » à «tadukkli d tegmat (solidarité et fraternité) », le sermon de l’imam à la sagesse du Tamen…
Avant la coronavirus, Avril 80, perdait déjà de son aura. Il est devenu un vague souvenir, voire une rumeur. Il a déserté les pavés et est allé déverser sacolère dans les réseaux sociaux. Ila déserté les pavé et est devenu poteries et poésies dans les couloirs de la maison de la culture. L’Emblème ? Chut !
Cette semaine, nous « célébrerons » le 44ème anniversaire de Tafsut. Les réseaux sociaux seront bruyamment au rendez-vous. Pour la 44ème fois, Berbère-TV nous servira l’inoxydable film de Tafsut.
De l’âme de Tafsut, de ses aspirations inabouties, de comment sera demain, de, de, de…, il n’en sera pas question, pour cette 44ème souvenance.
Tahar Ould Amar
