Le diwan que l’on appelle aussi gnawa vient des tréfonds de l’Afrique subsaharienne. Cette musique  partage avec le gospel afro-américain  des racines dans la «  traite des noirs ».  Hasna El-Bacharia, de son vrai nom Hasna Hasni, en était imprégnée. Très jeune, elle avait baigné dans l’ambiance du diwan grâce à son père qui jouait du guembri, instrument nord-africain à trois cordes. L’instrument était interdit aux femmes.

Et c’était en cachette, profitant de l’absence de son père, que Hasna en jouait  sur le toit de leur demeure.  La vie n’était pas facile pour une artiste en devenir, dans une culture exclusivement masculine plurielle. Hasna résiste, continue à rocker. Même la décennie noire n’avait pas eu raison de l’entêtement de Hasna. Elle ne lâchera pas son guembri que plus tard elle échangera contre une guitare électrique. Sa demeure devient, pendant les moments difficiles, le sanctuaire des femmes en détresse. Elle y accueillit celles que le terrorisme et le code de la famille n’avaient pas épargnées. Hasna sera révélée au monde en 1999 au Cabaret Sauvage à Paris.  Son joyau « Jazayer jawhara », en 2009,  fera le tour de l’Europe.  En 2019, Sara Nacer, une  réalisatrice  canado-algérienne, lui consacrera un film documentaire intitulé « La rockeuse du désert ».

Hasna El Bacharia nous a quittée, le 1 mai dernier à l’âge de 74 ans, laissons derrière elle un guembri aux abois.

T.O.A