Canicule, encore canicule, toujours canicule. Cependant, l’obstination météorologique à faire transpirer tout ce qui respire n’empêchera pas le village Tazrouts, dans la commune de Abi Youcef, à tenir sa troisième édition du patrimoine du bâti.
Pour y accéder, nous n’avions d’autres choix que celui d’emprunter les chemins qui montent. En attendant, nous « dégringolons » depuis Tizi n Kouilal. Au grand bonheur des usagers de la RN 30, près de cinq kilomètres ont été revêtus d’un bitume quia tout l’air de pouvoir résister aux prochaines chutes de neige. Ce n’est hélas pas le cas de la RN 33 assurant la jonction entre le Centre des Loisirs de Tikjda et Tizi n Kouilal : difficilement carrossable, un tronçon de près de dix kilomètres malmène les véhicules qui l’empruntent.
Arrivés à la bifurcation conduisant à Iboudraren et At Wasif, nous nous sur la voie menant à l’humus de Mohya. Pas grand monde à Iboudraren. De temps à autre, nous croisons une personne pressant et fuyant la canicule sur fond de sons stridents de cigales.
Le village Tassaft est, par contre, plus animé. Forcément puisque la fondation Mustapha Bacha, le militants de toutes les causes justes, s’attèle à accueillir les invités de Tassaft pour commémorer le 30ème anniversaire de la disparition du Militant. L’avènement de cette année est dédié aux pionniers de l’enseignement de tamazight.
Nous continuons la « dégringolade » jusqu’à Souk Lhed. La bourgade avait rappelé à la souvenance, l’an dernier, le parcours du Battant, feu Mhanna Boudinar, lui aussi pionnier de l’enseignement de tamazight dont l’absence sera remarquée et remarquable à Tassaft.
Direction Micli. Voie étroite et escarpée. Mais là est tout le charme de la Haute-Kabylie, n’est-ce les souffrances que subissent les véhicules.
Nous reconnaissons cet hôpital de Micli chargé chargé d’histoire, cet hopital qui avait acté le décès de Si Muḥend U Mḥend. Nous ne sommes plus loin de Abi Youcef, « toponyme officiel », nous lui préférons At Bu Yousef. En grande banderole souhaite la bienvenue aux festivaliers. Nous nous garons et allons vers l’effervescence qui semble être le cœur battant du festival. Nous « escaladons ». De jeunes étudiantes et étudiants de l’école des beaux arts se donnent à cœur joie en déversant leurs sensibilités sur une muraille logeant le sentier qui mène à Tazrut. Le village palpite de joie. Beaucoup de monde dont des visages familiers, parmi eux beaucoup d’écrivains. Nous rencontrons l’infatigable Salim Guettouci,ce militant de la première heure venu des Aurès prendre le pouls de la dynamique progressiste dont il se reconnait. Les petites ruelles de Tazrut sont obstruées de…exposants : bijoux, artisanats, livres, confection artisanale…
Le patrimoine du bâti ? Il est mis en relief dans la salle des conférences par des universitaires dont l’infatigable Ificène. C’est dans cette salle des conférences que nous avons rencontré Mounira, une amazighe de Djerba. La dame est passionnée par l’architecture ancestrale.
Elle trouvera des similitudes entre axxam n leqbayel et dar Djerba. Les différences, explique-t-elle, sont imposées par des considérations environnementales et météorologiques. Construire dans une ile et au sommet d’une montagne implique la prise en considération des impacts de mère nature, cette mère nature qui, jusque-là, nous sert la fournaise.
Mais la dynamique à Tazrut était telle que cette fournaise est passée au énième plan.
Tahar Ould Amar