Les trois candidats à la magistrature suprême, ont eu près de trois semaines de campagne pour essayer de convaincre les algérien(ne)s à les porter sur le trône de la république. Pour y parvenir, un outil : la langue, une langue que comprennent les électeurs. Le contexte de communication les oblige à adopter une stratégie à même de faire mouche. En fait, la stratégie de communication est de même acabit que celles qu’adoptent les publicitaires.
Il ne pouvait en être autrement puisque dans les deux cas il s’agit de « vendre » un produit. A titre d’exemple, quelque slogan louant des marques de soda en arabe algérien : « gerreɛ u qelleɛ ! », « selecto mɛak partout », « ma ɛendek ma tqul »… En arabe classique ça donnerait des slogans fades qui n’accrocheraient personne. Cette stratégie linguistique ne s’encombre pas de considérations idéologiques.
Son seul souci : faire gagner beaucoup d’argent à l’entreprise. Il en est de même pour la (ou les) langue de la campagne électorale, un seul souci : capter l’intérêt des électeurs. Même si la réalité sociolinguistique est parasitée par la démagogie qu’implique l’arabe classique, dès qu’arrivent les élections et que les candidats sont en campagne de proximité, on utilise la langue que parle et comprend le peuple. « Kayfa ḥalu-kum ? » devient « wac ra-kum ? » ;« salamu ɛalaykum wa reḥmatu lah » devient « azul fell-awen » en kabylie. Cet « azul officiel » est dit sans grande conviction par, paradoxalement, les détracteurs de tamazight. Mais comme « azul » ne coûte rien est peut rapporter quelques voix, tant pis !
Mais dès qu’on tend les micros de chaines tv aux candidats, la démagogie revient au galop : « inna ma yedulu ɛala cayin, yadullu ɛala. Wa bi ttali, neḥnu fi ḥezbina n urekkiz ɛla wiḥdatu lwaṭiyan al muweḥadda…. ».
Même si le tamazight est langue officielle, elle n’a droit qu’au « azul officiel » quand le candidat est arabophone et se trouve fac aux amazighophones. Cependant le candidat du FFS est allé au-delà de « azul ». Mais, lui aussi lorsqu’on lui tend le micro, il s’enfonce dans le tamazight démagogique qui n’a rien à envier à l’arabe du 20h : « tamurt-nneɣ tebna ɣef tlata n trekkizin : tineslemt, taɛrabt akked tmaziɣt ».
Vivement les élections toutes les semaines !
Tahar ould amar