Larbi YAHIOUN enseignant de langue et culture amazighes et auteur d’œuvres littéraires, vient de publier, dernièrement,  chez les Éditions Talsa  la traduction de “Nuits blanches” du grand classique russe Fiodor Dostoïevski, sous le titre Uḍan n tziri. Dans notre  notre rencontre lors d’un évènement culturel, il a accepté de répondre à nos questions pour le magazine littéraire Tangalt.

 —Si la littérature kabyle compte plusieurs romans publiés depuis 1980; elle compte aussi des traductions des œuvres littéraires étrangères  vers taqbaylit. Pouvez-vous nous citer quelques exemples?
L-Y: Effectivement, parmi les romans publiés en kabyle, nous distinguons pas moins d’une vingtaine de romans étrangers qui sont traduits en kabyle, entre autres, je cite les deux prix nobles de littérature “L’étranger” d’Albert Camus et “Le vieil homme et la mer d’Ernest Himingway, ainsi “l’alchimiste” de Paulo Coelho.
— Vous venez de publier la traduction de “Nuits blanches” du grand classique Dostoïevski. Parlez-nous comment avez-vous l’idée et le choix de traduire ce géant de la littérature russe ?
L-Y: Dison que ça c’est venue juste comme ça. Puisque je l’ai déjà lu il y a au moins 3 ans de cela. Un jour, en voulant le relire une seconde fois; je le lisais tout en le traduisant dans mon esprit. À force de me plonger dans sa lecture, je me suis émerveillé de la beauté que ça fait dans notre langue. C’est ainsi que j’ai entamé sa traduction surtout qu’il s’agit d’une très belle histoire d’amour et pleine de philosophie. Après tout, offrir au lectorat kabyle la traduction d’un grand classique russe comme Fiodor Dostoïevski me fait honneur et un grand plaisir à la fois.—Vous avez opté pour la traduction du titre en “Uan n tziri“ et non (Uan imellalen), comment justifiez-vous ce choix ?
L-Y: Bonne question! C’est vrai, pour un simple lecteur, le titre “Nuits blanches” ne peut être traduit que par “Uḍan imellalen”, mais dans ce cas, il s’agit d’un calque direct sur la langue française, et puis dans la culture kabyle on ne dit pas par exemple : sɛeddaɣ i d amellal pour dire que j’ai passé une nuit blanche. Quoique mon ami et romancier Mezdad m’a suggéré Tafat s wudem”, mais dans les deux cas, ils s’avèrent faux. Car dans l’histoire elle-même, il ne s’agit pas de nuits blanches. Au contraire, les deux personnages principaux du roman se rencontrent la nuit à la lumière de la lune puis se séparent pour que chacun rentre chez lui. Donc, il ne s’agit plus de nuits blanches comme on le croit.
— Selon votre expérience, quelles sont les conditions et les qualités pour réussir une meilleure traduction littéraire ?
L-Y: Pour assurer une bonne traduction, le traducteur doit d’abord maitriser les deux langues, surtout la langue cible. Au-delàs de la compétence linguistique, il doit veiller à garder la beauté et la poétique de l’œuvre originale. Le lecteur doit sentier les mêmes émotions de joies et de peines en lisant la version traduite, et je pense que j’ai réussi ce pari dans “Uḍan n tziri”.
— Avez-vous d’autres projets de traduction à l’avenir ?
L-Y: Effectivement. L’écho que j’ai reçu pour ma traduction de “Nuits blanches” m’a motivé d’avantage et m’a fait penser à traduire d’autres auteurs universels. Actuellement, je suis sur la traduction d’un roman de la littérature colombienne. Je garde le nom et le titre pour le moment opportun.

Propos reccuilis par Zira Taqbaylit