Les Ya Kho  guettent le Hilal, depuis leur F2 aménagé en F06 pour que chacun des six membres n twacult préserve cwit n l’intimité. A l’exception de la mère, tous sont plantés devant le petit écran avec l’idée que yal yiwen se fait du croissant lunaire qui apparaîtra ou pas dans l’infatigable ciel dégagé d’El Oued. Tous sont accrochés aux lèvres n lbaraka  du Cheikh, l’invité de l’unique pour la circonstance hilalienne. 

Crachoir à la main,  pas moins de cinq pincées de cemma n nghid toujours sous la langue, Boussad, le grand père est à deux mètres du tube cathodique.  Il attend le Hilal avec l’appréhension que l’été ne joue les prolongations.
Chabane, le père, postier et dissident du FFCD (Front des Forces pour la Culture et la Démocratie), feuillette le Midi à Quatorze Heures,  en réfléchissant à comment dégager les 150gr de viande de la chorba entre la nouvelle Atos acquise par crédit, les factures d’Agérie télécom, de la sonelgaz et de l’Algérienne des Eaux.
Sekoura, la mère, prépare déjà le S’hour en implorant sidi abderahmane El djilali.
Mamou, fils aîné, étudiant au DLCA à l’université de tizi-ouzou  et dernièrement converti au protestantisme nargue le petit écran avec le sentiment d’avoir enfin tout compris.
Lamine, fils cadet, cinq poils sous le menton,  étudiant à l’université de Constantine  franchement pratiquant et convaincu de détenir l’ultime vérité, essaye de convaincre le grand-père Boussad de zapper et d’aller voir le Hilal  du côté d’El Jazira.
Mima, la benjamine des Ya Kho est en deuxième année du cycle secondaire. Elle aussi guette le Hilal. Mima est un peu perdue entre les certitudes de ses deux frères.
Elle n’est pas vraiment dérangée par ramadan. Un peu quand même, puisqu’il ne sera pas facile pour elle et son petit ami de se rencontrer âynani.
Panne d’électricité. Elle durera toute la nuit.