… les Ya Kho lisent dans un quotidien qu’un plombier enseigne Tamazight à l’université de Tizi-ouzou. Tous sont sous le choc. Y compris les deux poils de Lamine. Il faut dire que chez les Ya Kho, tous les Ya Kho, même ceux qui sont installés au Burkina Faso, ma ulac, tamazight, ulac, ulac… Tamazight, pour eux est plus qu’une langue : c’est leur patrie. C’est donc la colère dans le F2 aménagé en F6. Une colère qui promet de se transformer en émeute, après le f’tour. Conclave extraordinaire dans le salon. Le vieux Boussad préside la séance et annonce le pneu : « atan ihi, tebra n tlata fi tlata que cette fois, c’en est trop ! ». le grand père Boussad est le plus bouleversé de tous.
Avant d’arrêter l’ordre du jour, le président de la séance avertit : « ne me parler ni de bilan ni de perspective ni, encore moins, de batterie d’actions à envisager…
– Mais, jeddi…
– Ulac, mais Ulac jeddi-k….
Le grand père s’enflamme. Il sort de sa poche cemma n nghid, la pose sur la table, la fixe longuement, puis la remet dans sa poche sur fond d’un « steghfir allah ! »
La famille le regarde bouche bée. Personne ne l’avait jamais vu dans cet état.
Profitant du silence, lamine les Deux Poils prend la parole :
– baâda bismi allah…
– aha, accouche !, hurle le grand-père
Deux Poils se tait sec. Il ne dira plus un mot. Moumou La Croix bondit de sa chaise : « tu sais grand-père les islamistes …
-La ferme, ay allilut (de alléluia) ! ni imam ni évêque ne sont convoqués au conclave. Je sais où toi et ton frère les Deux Polis vous voulez en venir.
Après un bon quart d’heure de rappel de ce que a été le combat pour tamazight, depuis 49, le grand-père retrouve son calme et même son humour : « c’est parce que nettnax xef le superflu et on oublie l’essentiel que le pays est devenue une caricature : Un plombier qui enseigne tamazight à l’université et un député islamiste qui importe la bière. Lukan meqqar c’est l’importateur de bière qui enseignait Tamazight. Comme ça on parlerait de tamazight di l’alcool et on ne serait pas très loin de Tamazight di Lakul »
Le adhan mit fin à l’entrain du grand-père. Il se rue vers son ameqful. On n’entendait plus que le bruit des couverts et le récurrent ‘’awi-d ifelfel-nni ‘’. On parlera de tamazight une fois la panse remplie.