De retour de Tizi Ouzou où, avec Mima, il est allé ad yezhu, ad tt-yerwi, ad tt-yeberwi, le vieux Boussad a longuement réfléchi avec lui-même à propos du icmiqnat sociopolitique qui prévaut en Kabylie, depuis l’ouverture du bazar démocratique, au lendemain de la révolution Stan Smith de 88. Le grand-père intellectualise sa méditation et constate : la Kabylie était intelligente, productive et efficace dans la clandestinité.
« Faut-il réitérer le FLN de l’article 120 et enfermer l’ensemble des acteurs sociopolitiques dans tiâeciwin clandestines pour qu’ils (re)deviennent intelligents, productifs et efficaces ? » s’interroge le vieux, en caressant sa boite n ccema n nghid enfouie dans sa poche.
D’un autre côté, Boussad a noté que tout n’est pas perdu. Cela, il l’avait relevé la veille à Tizi-Ouzou au milieu de tous ces jeunes venus écouter « ya bnat ssuhba, ya bnat lghurba, âecqu fi taxi i hebbu bal wa ctih… »
Le vieux s’est dit qu’il faut agir et rattraper la Kabylie, et du coup l’Algérie, intelligente, productive et efficace. Pour ce faire, il a pensé à lancer un débat qui s’articulera autour d’une question : d acu tebgham ?
« Un débat… voilà une idée intelligente », s’enorgueillit le grand-père. Il appelle Mima pour lui expliquer et l’associer à son idée : …negh d acu tennid ?
– Géniale ton idée ! ma3na les partis politiques ne vont te suivre qu’à la condition qu’ils mènent le bal.
– Qui te parle de partis politiques ?
– Amek ihi, un débat sans partis ?
– Bien sûr a tasekkurt ! On va demander à toutes les familles de répondre à la question : d acu tebgham ? Ensuite on collecte les réponses et on en fait un document de synthèse qu’on affichera dans toutes tijmayin et places publiques.
– Ensuite ?
– On exigera que notre document inspire la nouvelle constitution.
– Sinon ?
– …euh… je lâcherai les Deux Poils et la Croix dans la nature. D’ailleurs, ton frère les Deux Poils n’attend que ça.
– Et après ?
– Et bien après, ça sera la fin…n cemma n nghid d Lhasnaoui Amectuh. Imiren, Mima et son grand-père ghas ad ruhen ad ksen tizitt.
Tahar Ould Amar