On écrit (des romans, par exemple) pour plusieurs raisons. On écrit pour raconter des histoires avec lesquelles on cherche à amuser les gens, les épater, les orienter, les guider, leur faire supporter leur condition.
On écrit aussi pour porter la réalité aux yeux des gens, la décrire sous un angle ou un autre, la sublimer, la dénoncer, la changer.
On écrit pour parler de l’existence et de ses mystères, de l’être sociologique et de ses abus, de l’humain et de ses profondeurs.
On écrit aussi pour garder le silence car la parole en public est soit bavarde soit inutile.
«Pourquoi écrire ?» est-elle vraiment une question pertinente ? Les réponses ! Oui, cette question ne peut se satisfaire d’une réponse. Les réponses sont tellement traversées par l’hésitation, et parfois par l’hypocrisie plus ou moins cachée, que le débat s’y rapportant est alimenté par les spéculations et les guerres des tranchées. Mais, cette question mérite d’être posée ; elle sert tout de même à quelque chose. Elle sert à faire rencontrer les feuilles créatrices et les plumes commentatives, à remplir les émissions de paroles et les colonnes de journaux, à assurer l’ambiance à chaque rentrée, rencontre ou prix littéraire, à faire cénacles pour les gens qui en ont besoin, etc. Elle sert même à cacher la véritable question : «pourquoi on n’écrirait pas ?»
Mohand Akli Salhi