Le roman Les ruines de l’existence récemment édité chez Imtidad Éditions (2025), est un beau récit de Salah Youyou, un jeune étudiant en économie, qui interroge son lecteur. Tellement beau qu’il invite au dépassement de soi et à la positivité comme essence de la quotidienneté de l’Homme.
Un roman simplement écrit, pas trop peuplé de personnages, dont la plupart est plutôt de simples présences. Ces derniers donnent l’occasion à Elias, le personnage principal, d’interroger ses propres ruines et d’y voir des possibilités, ou plutôt des moyens, de sa résilience.
Un roman psychologique qui fait de la personne humaine la scène et le moment de l’action.
Dans ce roman, la peur, le souvenir, le silence, les ruines, l’incertitude et bien d’autres éléments ne sont pas uniquement des états d’âme, des émotions et/ou des signes d’un malaise psychologique. Ils deviennent des instances agissantes, tels des acteurs de théâtre, des personnages pour ainsi dire.
Plus que cela, certains d’entre eux se transforment même en espace et temps des actions à mener. En effet, la généralité du cadre d’action (l’action est ici décision et posture) facilite grandement la mise en exergue de l’effacement des connotations culturelles et sociologiques, et donne à ce texte un cachet plus humain. Cette généralité du décor, sa nudité et par moment son effacement installe une beauté qui va chercher dans l’âme humaine un lieu d’observation et d’interrogation. L’âme qui s’interroge, se stimule et se cherche devient dans ce récit le théâtre de l’histoire.
Elias est plus un prétexte qu’un véritable protagoniste. De la même manière que ses ruines ne sont pas des décombres à s’en débarrasser ou un objet de lamentation, mais des fondations pour un nouveau départ ; de la même façon, l’incertitude n’est pas négation ou errance mais possibilité d’avenir. Plus que cela, semble dire Salah Youyou via son narrateur. Ce dernier fait l’éloge de l’incertitude (pp.88-92). Il en fait un souffle de liberté, un moment d’humilité, la beauté des instants éphémères, une occasion de méditation, le terreau même de la créativité, voire un poème à venir. La résilience en dépend fortement. L’auteur le dit d’une manière superbe : la relation entre les ruines et l’incertitude est une promesse à assumer, car la résilience est ce chemin du voyage intérieur qui conduit l’Homme vers lui-même. « Un processus continu, une ouverture constante à la beauté et à la profondeur de l’existence » (p. 123).
Cet écrit est remarquable, interpellant et profond. Si beau aussi que certaines répétitions entachent la régularité de sa beauté. Si profond que la posture extérieure du narrateur est par moments encombrante, car ce type de narrateur fait prendre au personnage le risque de se figer en objet. Malgré cela, il demeure tout simplement recommandable.