En articulant des critères linguistiques, littéraires, sociohistoriques et la production de l’objet livre, les membres de la commission de sélection du Prix Berbère télévision du roman amazigh ont eu à débattre de certains points leur permettant de mieux poser un socle serein, objectif et consensuel. Les thèmes des réflexions et des débats ont abouti à une vision globale avec laquelle la sélection et l’élection des romans ont été appréhendées. Le présent texte se veut une récapitulation des points essentiels abordés lors de ces discussions.

Étant d’émergence récente, l’écriture littéraire, le roman notamment, doit participer à l’élaboration du code écrit de la langue. Par son texte, le (la) romancier (ière) est appelé(e) à renforcer ce code tout en respectant les ressources de la langue, en élargissant leurs possibilités stylistiques et en assurant un formatage graphique du discours. Un roman, ou tout autre texte de création faisant appel à l’écriture, n’est pas une simple transposition de l’oral ou une transcription d’une histoire. Tout un arsenal de dispositions scripturaires est mis en place dans le processus de communication. Ce dernier doit se décliner principalement dans le respect des structures de la langue, la proposition d’un système de ponctuation considérant les spécificités linguistiques et dans l’engagement du discours dans de nouvelles perspectives stylistiques. Chaque roman est ainsi un aboutissement de la langue et un nouveau point de départ pour de nouvelles éventualités linguistiques et littéraires.

A un autre niveau, ce que propose un(e) romancier (ière) se définit-il en dehors du cadre dans lequel il prend place ? La position de l’auteur(e), aussi bien vis-à-vis du discours social que des débats qui traversent sa société, détermine son implication et son apport dans l’évolution de ces débats. La littérature, déclinée ici sous sa forme romanesque, est un outil à la fois de positionnement social et de posture éthique. Écrit-on un roman pour la simple raison de raconter une histoire ? La responsabilité de l’auteur(e) y est complètement engagée.

Par ailleurs, l’apport littéraire du texte reste la pierre angulaire de tout roman présenté au Prix. Étant aussi bien l’ensemble des produits reconnus socialement comme tels que tous les produits langagiers possibles ayant des prétentions esthétiques, la littérature (le roman est le genre le plus libéral) est une perpétuelle construction sociale et langagière. Cet apport se doit d’être noté, reconnu et valorisé. Il est à la fois dans ses relations avec ce qui est consacré dans la tradition littéraire et dans la culture de l’auteur(e) dont le roman proposé en est l’une des expressions.
Enfin, le livre, le roman en est un, est un produit d’industrie et d’art, un objet économique et un bien culturel. A cet effet, il doit bénéficier d’un regard intentionné, professionnel et valorisant. Sa fabrication est à réfléchir d’une manière conséquente garantissant cette dimension multiple.
L’ensemble de ces considérations a guidé, en amont et en aval, les discussions entre les membres de la commission.

Ramdane Achour – Hacene Halouane – Tahar Ould Amar – Allaoua Rabehi – Mohand Akli Salhi