Il y a plus de 10 ans, je reçois un mail de Mhenni qui voulait faire partie de l’équipe rédactionnelle de Aɣmis n Yimaziɣen, supplément en tamaziɣt lancé en 2009 par la Dépêche de Kabylie. La presse d’expression kabyle étant à ses balbutiements, il était difficile, très difficile, de trouver des collaborateurs qui maitrisent et la langue et les techniques journalistique. C’était, au tout début, le cas du jeune Mhenni qui avait tout de même deux qualités qui feront la différence : sa volonté d’apprendre et son aptitude à assimiler. Sa détermination avait fait de lui l’une des plumes les plus prolifiques, les plus pertinentes et plus incontournables de Aɣmis n Yimaziɣen. Il ne se limitait pas à informer : il s’intéressait à tous les périphériques qui font un journal. C’est ainsi qu’il peaufinera les mots croisés et les mots fléchés.
La première fois que je l’avais au bout du fil, j’ai été bercé par la douceur de sa voix, une voix en harmonie avec son visage d’ange. Faut dire qu’au téléphone Mhenni faisait preuve de patience et prenait le temps qu’il faut pour me « ouacifiser » tasaḥlit. C’était toujours un plaisir d’écouter l’Ange Mhenni.
Un certain moment DDK, donc Aɣmis n Yimaziɣen, avait connu des soucis d’impression. Mhenni était tout particulièrement contrarié. Il ne se passait pas une journée sans qu’on se parle au téléphone. Il avait toujours une proposition à même de sortir de l’impasse impression. C’était la détermination-Mhenni en action.
De son handicap je ne savais rien. Alors qu’un évènement culturel était prévu dans la wilaya de Béjaia et que je pensais m’y rendre, je me rappelle lui avoir dit au téléphone que ça serait l’occasion de nous rencontrer. Sa réponse m’avait déstabilisé : « tezriḍ, ur zmireɣ ara ad nwiwleɣ (tu sais je ne peux pas me déplacer) ». Je ne le savais pas mais cela ne changeait rien. Plutôt si : encore plus de respect et d’admiration à un jeune homme qui fait mille fois plus que des personnes qui se « déplacent ».
Notre aventure de collègues s’arrêtent avec le baiser de rideaux de Aɣmis n Yimaziɣen, notre amitié jusqu’à….après sa disparition.
Plus tard, c’était toujours avec plaisir que je croisais les écrits de Mhenni (Tiɣremt, Aɣmis n Yisaḥliyen, FB,…).
La dernière fois que l’on s’était parlé, remonte à il y a près d’une année. Mhenni était sur un projet en rapport avec l’environnement (il avait toujours quelque chose à se mettre sous la dent) : il avait demandé une photo récente de moi, sur n fond blanc.
Je garde de toi le souvenir d’un Ange, d’un ange-gardien de taqbaylit, langue, culture et identité. Talwit Mhenni , ne manque pas de saluer l’autre ange, ta sœur Kaysa. Nous vous aimons et vous sommes reconnaissants.
Tahar Ould Amar