L’intérêt de cette anthologie (de trois volumes) est multiple. Outre la mise à disposition, à qui veut, des textes anciens dont l’exploitation ne peut être que diverse, ces textes présentent des matériaux linguistiques, textuels et génériques très intéressants. Ces derniers peuvent servir à des comparaisons inter-dialectales (sur les plans linguistique, littéraire, sémio-anthropologique, etc.). En somme, ils peuvent être exploités à des fins de recherche aussi bien anthropologique, ethnologique, littéraire que linguistique, à des fins d’aménagement linguistique (car permettant des comparaisons linguistiques conséquentes), à des fins pédagogiques, etc.

C’est avec un grand intérêt que j’ai lu ce travail monumental de Rachid Bellil. Et autant de plaisir de faire ce compte-rendu pour nos lectrices et lecteurs de Tangalt.
L’Anthologie du conte amazigh d’Algérie, publié par le CNRPAH entre 2015 et 2017 en trois volumes, est une initiative éditoriale très heureuse. On ne peut que la saluer et rendre grâce à son réalisateur : Rachid Bellil, ethnologue et anthropologue spécialiste des communautés berbères, notamment Zénètes et sahariennes. Cette publication fait partie des Mémoires du Centre National de Recherche Préhistoriques, Anthropologiques et Historiques. Les contes insérés dans les trois tomes sont en version bilingue (amazigh et français).Cette volumineuse anthologie se veut un assemblage et une retranscription de contes amazighs zénètes et kabyles collectés durant la dernière partie du XIXème siècle et la première moitié du XXème par divers chercheurs.
La collecte couvre, dans les deux premiers tomes, l’aire zénète allant des Aurès à l’est au At Snous à l’ouest, des Chenoua au nord jusqu’à Ouargla au sud. Le premier tome, dédié à une sélection de 97 textes de longueur variable, touche les régions des Aurès (15 contes), d’Oued Righ (19 contes), d’Ouaregla (35 contes) et de la vallée de Mzab (28 contes). La collecte des ces textes retranscrits dans ce volume est due à des universitaires français, des instituteurs, des missionnaires religieux. Les collecteurs sont René Basset, Georges Mercier, Samuel Biarnay, Auguste Mouliéras et Jean-Marie Dallet.
Le second tome propose la retranscription de 83 contes des régions suivantes : Chenoua, At Menacer, Ouarsenis, At Snous, Monts des Ksours (Bousemghoun et Sfisifa). Les contes sont collectés par Emile Laoust, René Basset, Henri Genevoix et Reesink, Edmond Destaing. Tout comme pour le premier tome, les premiers transcripteurs des ces contes sont soit des universitaires, des missionnaires religieux ou instituteurs.
Le troisième tome est, quant à lui, consacré exclusivement aux contes kabyles. Il est le plus volumineux. Il regroupe 121 contes dont certains sont très longs. Classés par ordre chronologique des publications, ces contes sont transcrits entre autres par un fonctionnaire au consulat des Etats-Unis (W. B. Hodgson), un militaire français (A. Hanoteau), des missionnaires religieux (J.-B. Creusat, J.-M. Dallet, J.-L ; Degezelle, Sœur Louis de Vincennes, C. Van Schinjndel), des universitaires français ou algériens (René Basset, Belkacem Ben Sedira, Amar Boulifa) et un instituteur (Auguste Mouliéras).
L’intérêt de cette anthologie (de trois volumes) est multiple. Outre la mise à disposition, à qui veut, des textes anciens dont l’exploitation ne peut être que diverse, ces textes présentent des matériaux linguistiques, textuels et génériques très intéressants. Ces derniers peuvent servir à des comparaisons inter-dialectales (sur les plans linguistique, littéraire, sémio-anthropologique, etc.). En somme, ils peuvent être exploités à des fins de recherche aussi bien anthropologique, ethnologique, littéraire que linguistique, à des fins d’aménagement linguistique (car permettant des comparaisons linguistiques conséquentes), à des fins pédagogiques, etc. La présentation de ces textes à des fins de traitement automatique sera également une voie d’exploitation possible et fortement intéressante.
Par ailleurs, l’auteur de cette immense anthologie (de 301 textes) présente au débat et à la réflexion une partie importante de l’histoire de la collecte de la prose littéraire amazighe dont les matériaux, il faut bien le noter, soulèvent plusieurs types de problématiques allant de la question des choix des informateurs à la question de la traductions des textes en passant entre autres par la question de la littérarité des textes, la question de la dénomination des genres de la prose traditionnelle et de la classification des types de contes.
Une telle masse de textes ne doit en aucun cas rester sans exploitation. Un tel travail mérite bien des regards et des intérêts.

Mohand Akli SALHI