Au grand bonheur de l’Algérie qui va de l’avant, ces dernières années, les salons célébrant le livre prolifèrent en kabylie et contaminent même d’autres régions du pays(le Salon de Chlef entre autres).
Mais le Salon de Ouacif (SLAO), qui en est à sa 3ème édition, a ceci de particulier : il met en relief le livre d’expression amazighe. Sans exclure les livres écrits dans d’autres langues, cette mise en relief est caractérisée par les activités à la périphérie des chapiteaux  et qui exclusivement consacrées à la littérature amazighe: conférences, tables rondes et ateliers.
Soulignons  qu’il était question, à un certain moment, de la prise en charge et de l’institutionnalisation par le ministère de la culture du  feu Salon du livre et du multimédia amazigh initié par le HCA. Jusque-là, rien.  Mais ,tant bien que mal, SLAO comble ce vide.
Tangalt tend le micro à Dr Hacene Halouane, enseignant à l’université Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou, auteur  de « adrar ay uccen » et…  commissaire du SLAO. Il nous parle du Salo, du Livre Amazigh qu’il coache.
« Écoutons-le » :

Tangalt : Ces dernières années, des Salons consacrés au livre semblent avoir le vent en poupe en kabylie. En quoi  le Salon de Ouacif  est-il différent des autres ?

Hacene Halouane : Le salon du livre amazigh n At wasif a ceci de particulier: il est pensé, initié et organisé par un collectif exceptionnel. Un ensemble d’acteurs culturels dont le souci premier est de donner de la visibilité au livre amazigh, d’encourager tous ceux qui activent dans la chaîne du livre amazigh (la redondance est voulue). Il œuvre à rapprocher les auteurs et les lecteurs et fait sentir aux uns et autres que la chose est concrète, palpable.

  • D’aucuns parmi les auteurs, éditeurs et, tout simplement, visiteurs qualifient SLAO d’événement réussi. Expliquez-nous le secret de cette réussite.

Si le SLAO réussit, c’est parce que c’est une œuvre collective. L’engagement inconditionnel et inconditionné des acteurs, leur abnégation, leur désir de sortir At Wasif de l’anonymat font que l’événement soit de cette ampleur. Ajoutez à cela la soif du livre de nos jeunes et moins jeunes et vous obtenez cette formidable concoction.

  • La 3ème édition du SLAO est annoncée pour le 22 juin. Donnez-nous un aperçu sur son contenu.

La 3ème édition est le troisième acte de la première édition. Nous essayons de poster les ajustements que nous jugeons nécessaires et nous repartons. L’organisation d’un tel événement n’est pas aisé mais avec notre volonté et l’aide apportée par les institutions (APW, HCA et beaucoup d’autres sponsors qui croient en nous et en notre activité). Comme à l’accoutumée il y aura, bien -sûr, expo-vente de livres, des conférences, des ateliers, des soirées culturelles, des expositions…surtout que cette année nous travaillerons avec le concours du village d’Aít Aggad qui nous offre son appui et ses infrastructures

  • L’organisation d’une activité d’une telle envergure suppose beaucoup d’argent.  Où trouvez-vous ce nerf de la guerre ?

Il est vrai que rien ne se fait sans « lillou ». Mais, de l’argent, il y en a, il suffit de le dénicher. Comme cité précédemment, il y a les institutions de l’Etat dont il faut solliciter l’accompagnement, ensuite, il y a tous ceux qui pensent comme nous que la Culture est, au moins, aussi importante que la nourriture.

  • Il semble que vous envisagez pour les prochaines éditions un SLAO itinérant. Qu’en-est-il exactement ?

Cette idée d’itinérance, c’est le village d’Aït Aggad qui l’a fait naître. Et nous nous disons: si nous pouvons conjuguer le besoin de faire connaître et faire vivre nos villages avec notre objectif de faire connaître et aimer le livre…ce sera parfait ou au moins presque parfait. Cette option ouvrira de nouvelles perspectives à nos villages les plus reculés et elle reste, bien sûr à peaufiner.

  •  Halouane  Hacene est aussi auteur d’expression kabyle , tout comme quasiment l’ensemble de la composante du comité du  SLAO. Roman, nouvelle…en chantier ?

 » lecɣal meyya, Lmulud yiwen » (ndlr, que l’on pourrait traduire : cent tâches, une seule main)

  • Tangalt vous offre l’espace « libre –expression » pour vous permettre de répondre à la question ou aux questions  qu’elle ne vous a pas posées :

Juste un appel: A vous tous qui croyez en notre idéal: venez nous encourager, venez encourager le livre amazigh avec nous. Merci à vous de m’avoir donné l’occasion de parler du salon du livre Amazigh n’At Wasif et enfin permettez-moi de rendre hommage à Omar, le père de cette belle aventure.

Entretien réalisé par Tahar ould Amar