Initiation à la rédaction de la nouvelle de qualité en tamazight.
Longtemps ressassé, la profusion de la production amazighe n’est point un leurre et s’affirme au quotidien. Si les genres roman et poésie tiennent le cap, la tendance pour les autres disciplines, comme les maths, la physique ou les sciences humaines, commence à voir le jour.
Comme une confirmation de cette évidence, Nnaṣeṛ Uqemmum, enseignant de profession à Montréal (Canada), vient de publier un manuel d’initiation au genre nouvelle, intitulé Tisurifin ɣer tira n tullist chez les éditions Tamagit-Identité. Ce genre littéraire particulier mais très prisé sous d’autres horizons, n’est pas toujours facile à aborder au vu de ses spécificités propres. Les passionné(e)s de la nouvelle, avec ce nouveau manuel didactique, sauront comment l’exorciser et le domestiquer en langue tamazight. La nouvelle en tamazight est, pour l’heure, moins prolifique, mais a déjà entamé un bon parcours depuis le début des années 1990 avec des auteurs comme, entre autres, Zimu, Mohand Ait-Ighil, etc.
Nasser Uqemmum a mis donc à la disposition des auteurs amazighes d’expression kabyle un ouvrage d’une valeur didactique avérée, qui cerne l’essentiel de la réponse à l’interrogation fondamentale de comment écrire une nouvelle dès sa genèse, autrement dit depuis la recherche d’un thème, à sa réalisation. Un ouvrage minuscule, pour une quête majuscule, que l’on parcourt en peu de temps grâce à un contenu condensé, mais aussi riche que précis.
Notre auteur qui compte parmi ceux auxquels le sort et de l’avenir de tamazight importent, nous disait : « Tamazight doit s’écrire comme un fait inexorable et se mettre au diapason des langues universelles, sinon elle risque la disparition. Les moyens de cet aboutissement doivent être mis en branle par ses locuteurs, de prime abord, en écrivant sur tout et sur rien, mais ils doivent écrire. Ce manuel est cet outil pour soutenir et aider les auteur(e)s à aller de l’avant et produire notamment de la qualité.»
Nnaṣeṛ est l’une des figures connues pour sa militance en immigration au Canada dans la promotion de sa langue tamazight, si ce n’est le précurseur. Il est sur tous les fronts afin de donner un plus pour la génération issue de l’immigration, pour qu’elle ne perde pas ce lien avec sa langue maternelle en terre d’exil, en donnant des cours de tamazight à l’unique école de tamazight Inna-s, sise à Montréal (Québec). Il a également décerné plus de 120 cours d’initiation sur le canal TQ5 disponible également sur YouTube. Nnaṣeṛ Uqemmum est parmi les membres du jury de la Fondation Tiregwa, qui a instauré des prix pour les meilleures publications littéraires, entre autres la nouvelle, portant le nom de Bélaid At Ali, et ce depuis près d’une décennie.
Prochainement, il proposera à travers TQ5 des cours sur la phrase complexe de la langue tamazight, qui demeure encore un inédit selon ses dires.
Tisurifin ɣef tira n tullisin, est venu ainsi combler un vide en matière de composition de la nouvelle en langue kabyle. Nnaṣeṛ nous dira : « lors des traitements des manuscrits ou publications en vue de la récompense ou de la sélection de la meilleure nouvelle, nous avons constaté que plusieurs écrits ne situent pas dans les paradigmes que connait la nouvelle. Les questionnements des auteur(e)s sur la raison de la non sélection de leurs « nouvelles » , m’ont inspiré l’idée d’élaborer un petit support pour aider à surmonter certaines contraintes de la composition de la nouvelle. Dans le même temps, il aidera le jury à sélectionner les meilleures nouvelles… selon certains critères. »
Le Professeur de littérature amazighe Kamel Bouamara, qui a préfacé l’ouvrage, il dira de ce manuel didactique, qu’« il contient la substance de la façon d’écrire une nouvelle en se basant sur quelques huit critères qui touchent la nouvelle afin d’être évaluée comme telle, autant il a souligné les erreurs récurrentes que doivent éviter les amateurs de ce genre littéraire, notamment celles des structures syntaxiques et du texte.»
Si la brèche est ouverte par Nnaṣeṛ Uqemmum pour la nouvelle, dont il compte enrichir le contenu au fil de temps, il est souhaité que d’autres genres soient également dotés de cet utile outil de production littéraire qui doit viser la qualité.
A vos plumes, amateurs de la nouvelle avec Tisurifin ɣer tira n tullist.